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vendredi, novembre 28, 2003

"Ne cherchez pas à en savoir plus à mon propos" 

Ainsi parlait Patrick O'Brian, auteur d'une série de romans maritimes assez connus (surtout outre-Manche et Atlantique), qui vient d'être portée à l'écran. A cause de ce film, la vie de cet auteur (décédé) est ramenée sur le devant de la scène, et ce n'est pas joli à voir : son fils, agacé de cette intrusion dans sa vie (puisqu'il s'agit du fait que son père a abandonné sa famille), explique ce qu'était l'homme en précisant qu'il ne faut jamais confondre l'oeuvre avec le personnage.
Ca vaut pour tous les écrivains : moins on en sait, mieux on se porte.

Voilà, c'était la petite dernière pour la route, bon week-end sans moi !
La caravane passe, les chiens aboient /

Nan ! 

Pas de livres récents de Barbara Cartland ! Elle est morte, crétin !
La caravane passe, les chiens aboient /

Je pense que certains écrivains brésiliens sont bien agités du bocal 

Car le roi, c'est Salomon, le livre commandé, c'est la Bible, et sous la bergère se cache peut-être une jeune psychopathe du XXIe siècle.

Maocyr Scliar (dans Le Monde, PDF, page 3 -- ça commence à me gonfler cette histoire de PDF, d'ailleurs) se paye un petit délire sur l'écriture de la Bible par une esclave du Roi Salomon. Ou alors, c'est le critique qui n'a rien compris.

J'aime bien quand Scliar s'amuse lui aussi à parler ponctuation à sa manière :
Elle ne savait ni lire ni écrire mais connaissait tous les signes graphiques, le point, la virgule -- qui la rendait toujours songeuse -- le point d'interrogation et d'exclamation -- qui lui donnaient des crises de rire... Mais ce qui lui plaisait vraiment, c'étaient les points de suspension. Elle savait qu'ils servaient à faire penser, le regard perdu, au monde, à la vie...
La caravane passe, les chiens aboient /

Montaigne se vent bien 

Et c'est tout ce que moi j'ai à en dire.
La caravane passe, les chiens aboient /

Il faudrait inventer une nouvelle catégorie d'écrivains : ceux qui n'écrivent que des titres 

I have writer's block. We've had a tough few months here in Nova Scotia. Our old cat died and one of the kittens we got to replace it died, my husband's grandmother died and then his elderly aunt died, I had a miscarriage and then my mother got sick. Recently, I've been blaming my writer's block on these unhappy events. The truth is, though, I often have writer's block. As much as I'd like to think it's an aberration there is clear evidence that it is not a new thing. A quick glance at my old Word files from months or even years ago reveals the crazy titles of dozens of short stories, short stories that I meant to write but didn't.

Stephany Aulenback bloggue chez Maud Newton et décrit avec acuité une situation similaire à la mienne, néanmoins je me vois obligée de protester : n'écrire que des titres d'oeuvres inexistantes n'est pas une preuve de vertige de la page blanche provoquée par des problèmes familiaux (quoique de l'extérieur j'admet que ça peut en avoir l'air, même pour ceux qui le vivent), c'est une nouvelle forme d'art conceptuelle. C'est juste dommage que je ne sois pas seule au monde dans ce cas : je me serais fait une réputation unique comme ça. Maintenant, évidemment, ce n'est plus aussi original.
La caravane passe, les chiens aboient /

La directrice des éditions jeunesse Gallimard s'appelle Hedwige : ça ne s'invente pas ! 

Dernier article en date sur Harry Potter : le meilleur que j'ai jamais lu. Il parle de TOUT.
Dans le désordre :
-J.K., sa vie, son oeuve, ses goûts, ses bonnes actions, son refus de croire à la magie
-HP en latin permet de découvrir que ce n'est pas une langue si morte que ça
-HP fait lire les enfants
-HP fait fulminer les fondamentalistes et les Polonais
-Les fanfictions (ah, dommage qu'ils ne citent pas explicitemment quelques sites, faut vraiment tout faire soi-même : Fanfiction.net et Fiction Alley, le deuxième ayant ma préférence ; et il y en a plein d'autres)
-Les fanarts
-Les traductions pirates (moi la française, je ne l'ai pas vu passer sur internet, pourtant, j'ai réussi à dénicher l'allemande un jour)
-Jean-François Ménard est un génie. Et mieux enore, JFM est un dieu
-HP et les adultes (HP et moi, pour simplifier) : le transgénérationnel (!!!!!!!!!!!!!!!!!)
-HP et la maternelle (sans rire. Même que les petits se forcent à apprendre à lire pour lire HP)
-Un petit bout de Philip Pullman, parce que JK et Philip ne vont presque plus l'un sans l'autre
-HP et les jeux vidéos et les jeux de rôle (mouais...)
-Les messages, les clins d'oeil, les niveaux de lecture
-Les conneries de ceux qui n'ont pas lu les livres («La répartition des sexes est très stéréotypée, et on voit qu'Hermione doit beaucoup travailler pour parvenir au niveau de Harry, qui jouit de qualités innées. [...] Les élèves des différentes maisons, Poufsouffle, Serdaigle, Gryffondor et Serpentard, sont catégorisés comme les classes sociales de l'Ancien Régime, s'indigne l'universitaire. Surtout, l'auteur distingue très nettement la plèbe moldue et méprisable, de l'élite sorcière, qui bénéficie d'un don de naissance.»)
-HP va écraser le reste de la littérature jeunesse, sauf que HP a fait en sorte que toutes le grandes maisons d'édition créent leur collection jeunesse
- HP, ou la réhabilitation des écrivains pour la jeunesse

Ouf !
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Bon, je crois que maintenant on est au courant qu'elle est lesbienne, mais vous savez qu'elle est auteur aussi ? Incroyable, les deux sont compatibles 

«La pornographie, il y a un siècle, n’était pas le business qu’elle est devenue. C’était un moyen de satire politique. Nous vivons une période saturée par le sexe et la violence. Alors qu’au XIXe siècle tout était refoulé. L’homosexualité masculine faisait sans doute scandale, mais le désir lesbien n’était pas encore défini en tant que tel. Les femmes passaient pourtant beaucoup de temps ensemble, partageaient souvent le même lit. Les catégories étaient moins bien établies, et les interdits pesaient moins sur les personnes. Le fantasme était partout répandu, il pouvait naître de la vision d’un gant ou d’une bottine, tandis qu’aujourd’hui le corps est si exposé qu’il a perdu tout son pouvoir ancien de séduction.»

Sarah Waters parle de l'homsexualité au 19ème, et dans la foulée, son roman est complètement oublié dans l'article. Cherchez l'erreur.
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Il ne nous avait pas encore tout fait 

Lors de la remise du prix de Flore à Pierre Mérot, Eléanor, vedette britannique du jeu de téléréalité «Nice People» diffusé au printemps, s’est faufilée dans la foule d’éditeurs, de journalistes et d’écrivains. La raison de sa présence? La collaboration prochaine de la jeune Anglaise avec Frédéric Beigbeder, directeur littéraire chez Flammarion, pour ce qui se voudrait un nouveau roman à la Bridget Jones.

(Vian le Nouvel Observateur)
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Difficile de lutter contre l'oubli 

J'ai parlé de ce livre sur ce blog le 13 Août, et il a sa première critique... le 27 novembre.
Pour un livre qui veut rappeler aux Français oublieux les grands auteurs anglais qu'ils ont un peu négligés, se faire oublier quelle ironie.
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Pour le 1/4 de 7ème des 0,1 lecteurs et demi que ça intéresse 

La précédente table de nuit (colonne de gauche, et avec des images, maintenant ! C'est qu'on commence à sortir de l'ère jurassique dans ce blog) est loin d'être terminée (mois très chargé par ailleurs : tu vois, Iok, aucune honte à avoir, ça arrive à tout le monde), et j'attaque la suivante. J'ai commencé à la mettre en place : beaucoup de littérature enfantine, parce que la période de Noël c'est le meilleur moment pour ça (et puis parce que Gibert a eu de nouveau chargement de livres d'occasion).

Edit : Définitivement actualisée.
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Les (més)aventures de Super-Hachette 

Rappel : Super-Hachette = Editis = Anciennement VUP

Si vous avez manqué des épisodes, toutes les aventures palpitantes du gros navire menacé de sabordage, retracée par le Nouvel Obs. Pas toujours facile, facile d'être un requin de nos jours.
Plus sérieusement, cette histoire de distribution est très grave. Hachette est déjà le plus gros distributeur français : les relais H, c'est eux. Mais s'il garde le groupe Malesherbes, très gros groupe de distribution, il pourrait bien représenter la majorité de la distribution française. Ce qui veut dire, en clair, que si vous êtes un petit éditeur soit trop petit pour être lié à Hachette, soit trop indépendant pour accepter d'être diffusé par eux, soit en bisbille avec eux, vous pouvez tout simplement faire une croix sur votre métier : avec son monopole, Hachette pourra sans problème faire pression chez les libraires pour que vos livres ne soient plus pris et mis en vente. Il ne sert à rien de publier si vous n'êtes vendu nulle part...
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L'elficologue II, l'écologie de l'âme 

Quelle est la différence entre les lutins, les fées et les elfes ?
Les lutins sont des esprits de la Terre, des créatures familières. On peut faire alliance avec un lutin. On peut l'approcher et même jouer avec lui. Le jour où on le trahit, on ne risque guère plus qu'une baffe. Les fées représentent la quête éternelle, ce sont des marraines généralement bienveillantes. Si on rompt le pacte avec une fée, elle s'en va définitivement. Comme les lutins et les fées, les elfes remontent au plus lointain des âges, avant les hommes. Ce sont des esprits aériens, fuyants, qui ne viennent pas quand on les appelle.
Lorsque Stevenson écrivait, il faisait appel aux brownies, une race d'elfes domestiques. Pour les apprivoiser, il laissait un petit peu de tabac, un biscuit sur la table. Il ne les voyait jamais, mais quand il arrivait le matin, il disait : «Les brownies ont bien écrit.» Sans eux, il n'aurait sans doute pas pu rédiger l'Etrange Cas du docteur Jekyll et de Mr. Hyde.
[...]
Vous parliez de Stevenson, d'autres auteurs les ont-ils invoqués ?
On trouve énormément de traces d'elfes chez les romantiques allemands comme Ludwig Tieck ou Heinrich Heine ; chez les Anglo-Saxons comme Shakespeare, Walter Scott, ou encore en France avec Charles Nodier, Victor Hugo, Leconte de Lisle et Lamartine. Sans doute parce qu'un elfe est plus poétique qu'un lutin qui a un côté nain de jardin. Les écrivains évoquent souvent les sylphes, liés à l'art, au rêve, à la musique.
Et dans la fantasy qui fait les têtes de gondoles de nos jours ?
Je n'aime pas trop la fantasy. J'aime le Theodore Sturgeon du Crystal qui songe, le Henry James du Tour d'écrou et même l'esprit héroïque qu'on peut trouver dans Harry Potter. Je suis plutôt un lecteur de fantastique, d'Edith Wharton, des soeurs Brontë, des victoriennes qui ont écrit sur les fantômes. Le fantastique féminin victorien touche cette petite étincelle, ce petit décalage où tout s'ouvre. Le fantastique joue sur notre propre choix d'y croire ou de ne pas y croire. C'est l'esprit elfique, mettre sur une lisière évanescente. «Est-ce que je te fais peur ou pas peur ? Tu viens ou tu viens pas ?», demande l'elfe.


Nouvelle interview de Pierre Dubois à l'occasion de la sortie de son livre L'Encyclopédie des Elfes. Chaque fois que je lis ce que dit ou écrit cet homme, je me sens mieux. Il est magique :
Autrefois, quand un paysan labourait son champ, il laissait toujours un petit coin en friche pour les fées et les elfes. En même temps, c'était une réserve pour la faune et la flore. Les contes prônaient une certaine écologie de l'âme.
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Et les verbes du 4ème groupe ? 

Toujours eu honte de votre grammaire ? Peur que quelqu'un remarque que vous conjuguez tous vos verbes de la même manière (imparfait, passé simple, futur, conditionnel : pas de sectarisme, tous abonnés à la même terminaison -ai) ? Peur d'être associé à quelqu'un d'aussi allergique à la conjugaison que moi ?
Réjouissez-vous ! Internet n'a été inventé que pour vous venir en aide ! Maintenant, au moindre petit doute, allez faire conjuguer vos verbes, même ceux qui n'existent pas.
Parce qu'il faut bien que je blogguasse, que tu blogguasses, qu'il blogguât, que nous blogguassions, que vous blogguassiez, qu'ils blogguassent correctement.

(Via IokanaaN)
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Mon mec à moi... 

Peut-on appeler "écrire" n'importe quelle tentative de représentation d'une ébauche de pensée par le biais de symboles graphiques incohérents couchés dans le désordre au mépris total de la grammaire, de la syntaxe, de l'orthographe et du souvenir de mon aïeule Germaine Philippin, institutrice de l'époque missionnaire, qu'une cédille oubliée décourageait aux larmes.
Pierre Desproges (Chroniques de la haine ordinaire)

Règles n°1 pour se re-soulever les zigomatiques en berne : aller faire un tour sur le site de Pierre Desproges.
Je vous ai déjà dis que j'étais amoureuse de Desproges depuis que j'étais petite ? Et jusqu'à ma dernière heure...
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jeudi, novembre 27, 2003

Outre-blog 

Je n'aime pas Don De Lillo. Posons ça en postulat de départ : j'ai commencé Mao II, je suis arrivée au tiers du livre, et j'ai eu l'impression qu'on se foutait de moi. Mais peut-être est-ce parce que Mao II est un sale bouquin de merde comparé au reste de la production delillienne. Pour le coup, je veux bien le croire, ce sont des choses qui arrivent plus souvent qu'on ne le croit.
Je vous renvoie donc à un amateur qui a trouvé 7 "bonnes" raisons de lire Outremonde. J'hésite entre la 3 et la 5 pour me décider à réessayer De Lillo :

5- Parce que le livre de Don DeLillo de la rentrée, c'est "Cosmopolis" et que sortir "Outremonde" dans le métro, ça donne un air décalé un je-ne-sais-quoi avant gardiste qui ne manquera pas de ravir votre voisine de droite qui s'affale dans son 20 minutes quotidien, page horoscope lunaire.

3- Parce que, Outremonde, c'est 900 pages bien tassées et qu'il est rare de trouver un objet qui puisse aussi élégamment remplacer un pavé en prévision d'une nouvelle révolte estudiantine qui poindrait le bout de son pif.

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Et merde ! 

Voilà. Ca m'apprendre à être trop confiante.
Finalement, las... La Muselivre ne vous fera pas (pas encore) de reportage depuis l'intérieur des gouffres insondables de l'édition : la Muselivre n'a pas eu son stage. Merci à la pétasse (non, je ne m'énerve pas, je gère très bien même) qui m'a fait croire que c'était du tout cru. Evidemment a dû passer derrière moi une postulante (ce sont toujours des filles -- toujours...) qui avait plus d'expérience que moi (Qui a dit que les stages était fait pour gagner cette expérience ? Grossière erreur, il faut être né avec) : elle ne l'emportera pas au paradis, parce que quand je la retrouverai, je ferai du compost avec ses entrailles à cette sal... Bon j'm'arrête là.
*dépression à un stade avancé*
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Compte à rebours 

6 jours avant la sortie de HP en français et je commence à me faire agresser de partout par de la surpublicité indésirable. Jusqu'à présent, c'était resté assez sage, mais le grand jour arrive, tout le monde se déchaîne, alors je vais définitivement tordre le cou au problème : oui, Riri (en chiffres dans une dépêche à faire pleurer tant elle est bourrée de conneries -- The goblet of fire retraduit directement depuis le français en The cup of fire... -- et de coquilles -- matinseuros kézako ? --*soupir*) arrive, avec tambours, trompettes et prix indécent (28 €), pour faire lire vos ch'ti nenfants.
Pour savoir où et quand il sortira, vous pouvez aller jeter un petit coup d'oeil (le plus intéressant étant bien sûr la librairie Gallimard qui ouvrira ses portes le 2 décembre au soir, soit une nuit plus tôt que tout le monde) et plus spécialement pour les FNACS (qui ouvriront pour beaucoup à minuit), .

Pour finir, à l'occasion de cette sortie, une initiative sympa de la FNAC intitulée "Un enfant sur dix ne sait pas lire le best-seller de l'année" :
La Fnac lance, du 3 au 6 décembre prochain, une opération livre jeunesse, destinée à soutenir deux associations de lutte contre l'illettrisme. Durant trois jours, pour tout livre jeunesse acheté à la Fnac ou dans les Fnac Junior, 50 centimes d'euros seront reversés au profit de l'Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV) et de l'Association pour favoriser une école efficace (APFÉE).
Cette opération, intitulée « Un enfant sur dix ne sait pas lire le best-seller de l'année » , s'inscrit dans le cadre du plan de prévention de l'illettrisme initié par la Fnac. Ce plan, d'une durée de cinq ans, est destiné à soutenir des associations œuvrant dans la prévention de l'illettrisme chez les jeunes scolarisés.


Edit : En ce qui concerne la presse, ça ne se foule pas trop, puisque le Figaro se contente de traduire une interview anglaise de J.K Rowling *re-soupir*, et la republication, me semble-t-il de deux vieux articles sur le phénomène : HP vu par le directeur de collection littérature anglaise à la Pléiade (!) et «Que se passe-t-il dans la tête des gens – qu'ils soient hommes ou femmes, filles ou garçons, de confession, de culture et d'âge très divers – pour qu'ils se ruent sur ces livres ?» par l'auteur de Harry Potter, les raisons d'un succès (PUF), docteur en esthétique et agrégée de philosophie. Rien que ça !

Ah, oui, n'oublions pas le plus important : êtes-vous un Serpentard ou un Gryffondor ? Primordial de savoir ça pour le trois décembre !
Je suis pour ma part une très fière bad girl !
i'm in slytherin!

be sorted @ nimbo.net
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Une inconnue 

Le Prix du Meilleur Premier Roman Etranger a été attribué à Lavinia Greenlaw, pour Quand Mary marchait sur l'eau (Joëlle Losfeld), qui a eu en tout et pour tout comme critique en France, ça (!!).
Comment ?! me direz-vous, un livre qui arrive à avoir un prix littéraire en France sans buzz médiatique ? Mais y a un problème, là !
Ouais, le livre doit probablement être très bon...
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Plus de livres, moins de procès 

Aujourd'hui, l'insécurité juridique est devenue trop forte pour que le métier d'éditeur puisse s'exercer dans de bonnes conditions

Le Syndicat National de l'Edition vient de publier un petit livre gratuit (Justice et édition/Plaidoyer pour une justice adaptée -- 92 pages) où les éditeurs expliquent pourquoi les procès à répétition qu'ils subissent depuis ces dernières années à propos de tout et n'importe quoi sont en train de mettre en danger la liberté d'expression, en particulier quand les petites maisons d'édition, qui ne peuvent pas gérer les frais d'un possible procès comme les grosses, finnissent par refuser de publier certains livres par peur de représailles.

Cette insécurité qui gagne l'édition est d'autant plus pesante qu'un fossé se creuse avec les autres médias. La presse et internet semblent à la fois plus libres et mieux armés pour se défendre
[...]
l'édition est un milieu fragile, économiquement vulnérable, politiquement sensible
[...]
A l'appui de ses propos, l'ouvrage cite les procès Gubler, Aubrac ou encore Yann Piat ainsi que des affaires plus récentes autour des livres "Dossier pédophilie. Le scandale de l'affaire Dutroux", "Rose bonbon", "Ben Laden. La vérité interdite", etc.
Concernant "La mafia des tribunaux de commerce" d'Antoine Gaudino (éd Albin Michel), il assure que cette enquête est passée 71 fois devant la justice pour répondre à l'accusation de diffamation, alors que deux rapports officiels ont confirmé les propos tenus par l'auteur. L'éditeur n'a rien gagné alors que livre est un best-seller.

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mercredi, novembre 26, 2003

Le complexe de l'homme moderne 

Si l'on se réfère au seul post que j'ai jamais écrit en anglais, je suis un homme à 277 mots masculins contre 140 mots féminins.
Hein ?
Il y a quelques temps, des chercheurs israëliens ont mis au point un algorythme capable de déterminer le sexe d'un écrivain à partir des mots qu'il emploie et de leur récurrence : him, so, because, actually, everything, but, like, am, more, out, too, has, since sont donc des mots féminins et some, this, as, now, good, something, if, ever, is, the (!), well, in, sont des mots masculins (Notez que les femmes ont une tendance au narcissisme, puisqu'elles sont des fans de I am, et les hommes sont des altruistes, puisqu'ils ne parlent que de l'autre, he is... Ahem !)
Une petite maligne s'est amusée à tester 10 hommes écrivains et 10 femmes écrivains, avec évidemment les surprises que l'on imagine. Toujours selon cette méthode (et la même petite maligne), Charlotte Brontë est bien une femme, et Emily Brontë est bien un homme : qui en doutait ? ;-))

Vous pouvez essayer ici, mais seulement avec des textes en anglais (avec trois possibilité de catégories : fiction, nonfiction, blog entry). La méthode est sensée fonctionner dans 80 % des cas. Je confirme, puisqu'elle a démontré brillamment que j'étais un homme qui s'ignorait.
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Je les désavoue 

Déjà que Lire n'était pas ce que l'on pouvait faire de mieux en matière de magazine littéraire (en matière de critiques littéraire, ils préferrent sans doute se casser une jambe plutôt que d'essayer d'en écrire), mais là, vraiment, c'est pire que de la décadence, c'est le rendez-vous aux latrines : La nostalgie de l'ange a été choisi par leur rédaction comme deuxième meilleure livre de l'année. Le premier prix va aux Âmes grises, mais je crois qu'après un tel choc on s'en tamponne un peu le coquillard avec un os de gastéropode usé.
Dire que l'année dernière il remettait leur premier prix à La tâche de Philip Roth... On peut tomber très bas très vite.

(J'ai compté très rapidement : au moins 8 des 20 livres sont sortis lors de la rentrée littéraire, signe encore plus flagrant que ce classement commence vraiment à être du n'importe quoi !)
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Topographie de la littérature 

Un nouveau magazine littéraire vient de sortit : Topo. Je l'ai à peine feuilleté pour le moment, mais il a l'air très complet, c'est déjà ça. Et puis les magazines littéraires sont tellement une denrée rare en France qu'un nouveau ne peut que faire du bien : on applaudit, on remercie, et on ACHETE !

Un compte-rendu plus tard. Pour vous dire si ça vaut vraiment le coup.

PS : pas de site internet, le magazine est trop récent. Tant mieux, comme ça on sera obligé de l'acheter.
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Et moi qui me trouvais trop enragée par les spams... 

Mais je suis une petite joueuse en comparaison :
Booher threatened to send a "package full of Anthrax spores" to the company, to "disable" an employee with a bullet and torture him with a power drill and ice pick; and to hunt down and castrate the employees unless they removed him from their e-mail list, prosecutors said.
He used return e-mail addresses including Satan@hell.org.

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Déculpabilisez-vous 

N'ayez plus peur de montrer la couverture du bouquin que vous lisez dans le métro. Ou comment ne plus culpabilser parce que vous lisez un livre recommandé par une émission de télé anglaise populaire.
Le Top 21 de la dite émission réserve par ailleurs des surprises : Winnie l'ourson et Catch 22 dans la même sélection ? Je trouve même plus mes mots...
Oh, et puis tant pis, soyez pas timides : puisque vous l'aimez tant, laissez-vous aller à lire Winnie l'ourson dans le métro.
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Point final 

Le bon usage de la ponctuation étant peut-être le seul élément que le français et l'anglais partagent, espéront que ce livre de Lynne Truss (dont deux romans ont déjà été traduits en France chez Joëlle Losfeld) sera bientôt traduit :
Punctuation!!!! Who needs it???? Do we really care that the italic typeface was invented by a geezer called Aldus Manutius the Elder (1449-1515)? Is it of interest to anyone that he was also the man who printed the first semicolon? And is the semicolon really 'a compliment from the writer to the reader'? Do you really have to count to two in between two related but independent clauses before you use it? When is it correct to use an_ er_ ellipsis? Will not an ordinary dash - like this one - do just as well?

Et si vous comprenez bien l'anglais, la blague qui donne son titre au livre (Eats, Shoots and Leaves) est très drôle (enfin je suis peut-être bon public, mais moi je la trouve très drôle !) :
a panda goes into a bar, asks for a ham sandwich, eats it and then takes out a revolver and fires it into the air. When the publican asks him what on earth he is doing, he throws a book on to the bar and growls: 'This is a badly punctuated wildlife manual. Look me up.' The barman flicks through the book and, under the relevant entry, reads: 'PANDA. Large, black-and-white, bear-like mammal native to China. Eats, shoots and leaves.'

(Via The Complete Review)
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mardi, novembre 25, 2003

Tenez le coup ! 

Ces auteurs qui ne veulent pas donner d'interviews.
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Avant-première 

Les deux romans ne sortiront en France qu'au printemps 2004, mais les droits étrangers sont déjà en vente (auras d'ancien Goncourt et de tête de best-sellers obligent) chez l'un des seuls agents littéraires français. Jean-Christophe Rufin publiera donc bientôt Globalia 27 (Gallimard), et Michel Quint Mon mal est délicieux (Joëlle Losfeld) : je serais la première à vous l'avoir dit. Vive moi !

Le livre de Rufin est un roman d'anticipation, avec une société répressive qui n'en a pas l'air, et qui vogue joyeusement sur les peurs actuelles :
Globalia is a world without frontiers. Everyone lives freely and easily in Globalia. There is no poverty or social unrest, and plastic surgery keeps everyone looking young. Even the ozone layer has been controlled to protect its inhabitants from environmental aggression. There is only one underlying fear that runs through this society: the fear of terrorism.
Pour le vendre, Susanna Lea l'a déjà comparé au Meilleur des Mondes d'Huxley et à 1984 d'Orwell. Quelle originalité !

Celui de Quint raconte l'histoire d'une femme qui tombe amoureuse d'un acteur passant dans son village avant d'aller au front pendant la 2ème Guerre Mondiale. Il lui promet de revenir, mais ne le fera évidemment jamais, pendant qu'elle se convint jusqu'à sa mort qu'il ne pouvait s'agir que de Gérard Phillipe ! Le tout raconter par un homme si amoureux d'elle qu'il nourrit sa passion pour GP et lui cache la vérité sur son véritable amant. Que d'aventures, que d'aventures, mes amis !
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Beurk ! 

Amazon.com a demandé aux éditeurs américains de sélectionner ce qu'il pensaient être les 50 meilleurs livres (américains) de l'année 2003. Mouais... Quelques trucs sympas, mais pas de quoi fouetter un chat. Et puis visiblement, les éditeurs américains ne sont pas si différents des éditeurs français : ils aiment beaucoup trop les autofictions. Re-beurk !
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LE MOT POUR LE DIRE 

Alliciant, ante. Adjectif. [du latin alliciere, attirer, charmer] Qui séduit, qui captive.
"Son ondoyante taille profilait d'alliciantes ombres sur les draperies."
Barbey D'Aurevilly
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Odysseus 

10 années de travail, 50 lectures du livre, et près de 800 versions du scénario : un irlandais un peu cinglé a décidé d'adapter l'Ulysse de Joyce en film. Le film, intitulé Bloom (du nom de famille du couple de héros), est maintenant sur les écrans irlandais où il suscite les controverses que l'on imagine. Le plus difficile était bien sûr de réussir à faire ressortir une trame principale de ce livre qui les ignore consciencieusement :
The film is faithful to the text but does not treat it as sacred. Molly's famous closing and climaxing soliloquy, for example, is used to open the film and frame the action. The plot, as much as one exists, remains largely intact, although there are no scenes of Bloom at the newspaper office, where he works as a canvasser for advertisements. Dialogue is drawn directly from the novel, and the internal thought processes of the three central characters are presented as voiceovers. Walsh says his overriding intention was to make the film work as a story, to be at once intelligent and accessible.

Les critiques jugent le film :
a 'bawdy, irreverent, lyrical, compassionate, anguished, earthy, profound and deeply humane slice of life', another condemned it as 'disjointed and incoherent', arguing that it belonged more to the Joyce culture industry than the world of film.
Mais l'un des spécialistes de Joyce, le Sénateur David Norris, a jugé le film "brillant, ingénieux, novateur et fidèle à l'oeuvre de Joyce", alors on ne peut que s'incliner.

Moi je trouve que le processus qui consiste à mettre une voix off pour faire entendre, par exemple, l'inadaptable monologue de Molly Bloom de la fin est une facilité et un aveu d'impuissance à transposer le livre au cinéma. Mais à quoi pouvait-on s'attendre d'autre avec un livre pareil ?

(Via The Elegant Variation)
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De la cherté du livre 

L'éditeur Viviane Hamy a publié, à la fin du premier roman qu'elle a édité en 1996, Préfère l'Impair de Claude Habib, une page où elle explique au lecteur ses frais. Si ces chiffres ont un peu évolué depuis, ils restent toujours valables dans les grandes masses :

Devis de l'imprimeur pour un roman de 320 pages tiré à 3000 exemplaires :
Composition (disquette fournie) et mise en pages : 16 500 F
Impression de l'intérieur : 12 000 F
Impression des couvertures 6 500 F
Papier (intérieurs et couvertures) 12 000 F
Brochage : 6 000 F
Emballage 500 F
Port : 1 500 F
Maquette de couverture 3 000 F
Photo de couverture : 2 000 F
A-valoir (symbolique) versé à l'auteur 3 000 F
TOTAL 63 000 F
PRIX DE REVIENT D'UN EXEMPLAIRE (63 000/3 000) 21 F

Source : extrait de De la cherté du livre, in Préfère l'impair, de Claude Habib (Viviane Hamy).
Livre Hebdo no 215, du 6-9-96 note : " Pour lutter contre l'idée que les livres sont chers, Viviane Hamy a tenu à faire figurer à la fin du premier roman qu'elle publie cette rentrée, Préfère l'impair, de Claude Habib (320 pages), une page où elle explique au lecteur, chiffres et explications techniques à l'appui, ce que recouvrent les 129 F de son prix public. Elle montre qu'une fois prélevés les frais de diffusion et de distribution (55 % de ce prix), l'éditeur ne reçoit plus que 55,02 F. Il lui faudra donc vendre ou moins 1 145 exemplaires pour pouvoir simplement en payer les frais de fabrication de 63 000 F (63 000 / 55,02). Une performance pour un premier roman. "

(Via Cylibris)
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lundi, novembre 24, 2003

"L’ensemble de ce que le génie humain a exprimé par la parole, et plus que par la parole." 

Un musée vient de s'ouvrir à Genêve collectant les raretés littéraires comme une première édition du Manifeste du communisme de Marx, des tablettes en argile mésopotamiennes de 5 000 ans, un papyrus vieux de 1 700 ans contenant la seule version complète d'une comédie de Menander (dramaturge Grec) et une Divine comédie de Dante de 1378.

(Via Maud Newton)
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Ambitions présidentielles 

Le premier président américain a écrire un roman ? Pfff ! nous on a déjà eu ça depuis longtemps, même qu'avant d'être élu il disait déjà :
"Si j'avais la certitude de pouvoir écrire, en quelques mois ou en quelques années, l'équivalent de l'œuvre de Guy de Maupassant ou de Gustave Flaubert, il est hors de doute que c'est vers cette sorte d'activité qu'avec joie je me tournerais..."

Et puis modeste avec ça : reproduire tout l'art de Flaubert en quelque mois... Remarquez qu'il considère que son "succès" de Président devrait suffire à lui ouvrir les portes de l'Académie Française sans se donner autant de mal.
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La pire des métaphores ? 

Les nuages (?) "plâtrent le bleu en larges nappes blanches"
Daniel Hébrard dans Les Hommes forts
(Trouvée dans Le Figaro Littéraire, qui a l'air d'apprécier : misère !)
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"Si Stephen King avait vécu dans la Russie staliniste, il aurait sans le moindre doute reçu le prix Staline" 

We live in a book paradise! More books are being produced than ever. Bookstores were never more attractive or diverse. Writers never had such opportunities to become global stars as they do today.
So why do I grumble? Because the book has become a product like any other -- that is the price of the marketization of culture. Unwilling or unable to put time and effort into educating ourselves about the options, we end up buying what everybody else buys. Worse, we start enjoying the books we are manipulated into buying -- even defending them against pretentious jerks who dare criticize them. In exactly the same way that we slowly become Ikea-people, we also become Booker Prize-people, Harry Potter-people, Stephen King-people.


Dubravka Ugresic, écrivain croate, s'insurge contre la littérature populaire marketée et ceux qui la défendent, comme Stephen King, contre la littérature "littéraire".

Stephen King, dont on parle beaucoup ces temps-ci : il a reçu, la semaine dernière, un prix pour l'ensemble de son oeuvre et de sa contribution à la littérature américaine (scoff, scoff, scoff ! Excusez-moi : quintes de toux nerveuses) par l'organisme qui remet l'un des prix littéraires les plus important des USA, le National Book Award. Il a fait son show lors de la cérémonie, reprochant à l'ensemble du monde littéraire présent devant lui (dont, cependant, il avait acheté au moins 60 des membres les plus influents puisqu'il avait lui-même louées six des tables à 12 000$, ce qui exlique sans problème les deux standings ovations qu'il a eu : pour la plupart de ces gens, il est la poule aux oeufs d'or) d'être trop snob pour lire de la littérature populaire, arguant qu'il n' éprouvait lui-même aucun intérêt pour "ceux qui se font une fierté de n'avoir jamais lu un John Grisham, un Mary Higgins Clark, un Tom Clancy, ou n'importe quel autre auteur poupulaire" (et Barbara Cartland ? Il a oublié ma petite Barbie !) :
"What do you think, you get social academic brownie points for deliberately staying out of touch with your own culture?"
Outre que je me pose la question de savoir si en l'occurence brownie faisait référence au gâteau ou au lutin, je n'apprécie pas particulièrement ce genre de commentaires stupides tendant à prétendre que May Higgins Clark et Tom Clancy sont plus passionnants que John Barth et Thomas Pynchon (pour ne prendre que des exemples américains) simplement parce qu'ils se vendent comme des petits pains : la littérature de gare restera toujours de la littérature de gare, divertissante, oubliée dès qu'elle a été lue, et surtout mauvaise. Je n'apprécie pas non plus qu'il mettent dans le même panier que ces déchets de la littérature populaire de très bons auteurs de genre comme Dennis Lehane (Mystic River). Comme si j'allais comparer Pierre Pelot et cette machine à best-sellers qu'est Christian Jacq !
Passée les standings ovation, il a assennée à son auditoire en adoration une liste d'auteurs populaires (quand le speech et la liste des "Best-of King" seront en ligne je vous préviendrai) à lire de toute urgence, ce qui n'a pas été du goût de la gagnante du prix principale de Fiction, Shirley Hazzard pour The Great Fire, et on la comprend, puisque son roman est presque un exemple type de littérature "littéraire". Elle lui a vertement répondu, quand son tour de parler est venu, qu'elle "ne pensait pas que [leur] donner une liste de ceux qu'ils devraient lire soit vraiment une telle satisfation". Elle-même a beaucoup mieux à faire, comme lire Shakespeare et Conrad. (C'est vrai quoi, la vie est trop courte pour ne lire que de la merde !) D'ailleurs, elle n'a jamais lu Stephen King.
Et toc !

Edit : un article pro-King, le moins con du genre.
Mais, juste parce que je suis curieuse, quelqu'un saurait-il me dire quelle est la novella de King d'inspiration borgésienne ? Si elle existe vraiment, bien sûr.
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Portrait de l'Auteur en Être Humain 

Biographies et mémoires, qui avaient plutôt tendance à créer la légende de l'écrivain (Balzac, ses 20 heures d'écriture non-stop, son café, son dos qui fume : whouaaaa ! -- vous y avez cru, hein?), tendent maintenant de plus en plus à montrer les auteurs commes des gens normaux ("Ah, écrire, c'est merveilleux, mais le point le plus important ce soir n'est pas Qu'est-ce que je vais bien pouvoir écrire ?, mais Qu'est-ce que je vais bien pouvoir porter à la cérémonie de remise du Booker Prize ? Dilemme infernal.") : un article du Telegraph fait une rapide revue des derniers exemples en la matière. Résultat ? Oui, les écrivains peuvent être plus mortellement ennuyeux que vous et moi. Déçus ? allez, rassurez-vous, il y aura toujours des gens encore plus ennuyeux pour vous faire croire que c'est juste une nouvelle manière de réinventer le pause de l'écrivain maudit. Houellebecq, par exemple. Le mythe de l'écrivain est mort, vive le mythe de l'écrivain !
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Bangarang ! 

A l'occasion des cent ans de Peter Pan (il a été réédité entre autres chez Librio et GF, dans l'attente également du film avec Ludivine Sagnier en Fée Clochette, qui devrait sortir vers Noël), une explication de ce qu'est vraiment le mythe de Peter Pan.

(Via Confessions of an Idiosyncratic Mind)
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Conchiliculture 

Gentilhomme des mers imprégné de l'esprit des Lumières, Lapérouse est l'une des plus grandes figures de la marine française. Il participa à la guerre d'indépendance américaine et fut chargé par Louis XVI d'effectuer avec deux navires, La Boussole et L'Astrolabe, un grand voyage où étaient prévues, entre autres, la reconnaissance des côtes de l'Alaska et une nouvelle exploration du Pacifique. Le 1er août 1785, les deux navires quittent Brest, ils se dirigent vers le cap Horn, abordent, huit mois plus tard, l'île de Pâques puis explorent les îles Hawaï, les côtes de l'Alaska, celles de la Californie, sillonnent les mers de Chine et du Japon, se dirigent, en novembre 1787, vers les îles Samoa où une partie de l'expédition est massacrée par les indigènes. Accablé par cette tragédie, Lapérouse fait lever l'ancre en direction de l'Australie et fait escale à Botany Bay (Sydney), alors occupé par les Anglais. Dans une précédente lettre adressée en France le 7 février 1788, il précise qu'il souhaite visiter les îles Tonga, la Nouvelle-Calédonie, les îles Salomon, la Nouvelle-Guinée, l'Australie. Ce sera toutefois son dernier message puisque l'expédition disparaît peu après. Plusieurs recherches seront entreprises pour retrouver des traces des navires et tenter en vain de percer le mystère de ces disparitions. Quarante ans plus tard, Dumont d'Urville retrouvera des structures de l'épave de L'Astrolabe. (quatrième de couv' de Lapérouse, d'Yves Jacob)

La disparition de l'explorateur français Lapérouse, au 18ème siècle, était un grand mystère des l'histoire maritime qui a fait couler beaucoup d'encre (non, je ne ferais pas le jeu de mot...). Mais réjouissez-vous, amateurs des découvertes scientifiques crédibles (songez Toutankhamon plutôt que Nefertiti, par exemple), il est probable que le mystère de la disparition des équipages est en bonne voie de résolution : Un squelette d'homme de stature moyenne a été mis au jour samedi sur l'une des épaves du comte de Lapérouse, explorateur disparu en mer en 1788 au large des îles Salomon, ont indiqué dimanche dans un communiqué les responsables des recherches lancées pour tenter d'élucider le naufrage.
Probablement pas Lapérouse lui-même, mais sûrement un moyen de couper court aux rumeurs stupides des survivants (sur un île déserte, bla bla bla... la vieille histoire même plus amusante des Robinsons Crusoë) qui courent depuis deux siècles. Ce qui est important est surtout que "ce type de découverte est rarissime en matière d'archéologie sous-marine".
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vendredi, novembre 21, 2003

O wonderful land of promises 

Les remises de prix littéraires sont rarement l'occasion de gué--guerres et de batailles politiques et intellectuelles. Sans doutes que certains écrivains se sentent en manque lors de ces dîners (oui, parce qu'à l'étranger, on fait des grandes fiestas pour remettre les prix, des galas où la loocation de la table peut aller jusqu'à 12 000 $ (!!!) -- pourquoi on ne fait pas de grands diners nous aussi en France ? Parce qu'aucun éditeur ne voudrait payer 12 000 € pour s'entendre dire que son poulain a perdu : c'est que c'est fragile un éditeur, vous n'imaginez pas), sans doute, donc, que certains écrivains sont en manque de coups d'éclat, puisqu'en deux jours, on en a eu deux très jolis.

Le plus intéresant fut celui de Hari Kunzru, auteur de L'Illusionniste. Il a refusé un important prix anglais, le John Llewellyn Rhys Award, parce qu'il était sponsorisé par le journal The Mail on Sunday, qui me semble-t-il est très à droite de la droite. Il reproche au journal ses prises de position plus que féroces contre l'immigration :
[The Mail on Sunday] pursue an editorial policy of vilifying and demonising refugees and asylum-seekers ... As the child of an immigrant, I am only too aware of the poisonous effect of the Mail's editorial line. The atmosphere of prejudice it fosters translates into violence, and I have no wish to profit from it. [...] The Impressionist is a novel about the absurdity of a world in which race is the main determinant of a person's identity. My hope is that one day the sponsors of the John Llewellyn Rhys prize will join with the judges in appreciating this."

La démarche me plait, quoique je trouve un peu poussé de sa part de demander quand même le montant du prix qu'il a refusé soit remis à une des organisations pour les réfugiés (The Refugee Council) les plus détestées du journal : un prix se refuse intégralement, ou pas du tout. Et pendant qu'on y est, je trouve très moyen de faire faire le sale boulot à son agent, pendant qu'on fait tranquillement la fête à un mariage.

Ce qui est le plus intéressant, cependant, est la réaction du directeur du journal : après s'être pris une baffe monumentale en public, il a, beau joueur, non seulement accepté de remettre l'argent à la dite ONG (et de récompenser en plus un autre des sélectionnés), tout en ajoutant : "I would be very grateful if Mr Kunzru would point out to which articles in the Mail on Sunday he has objections," he said. "We are inviting him to write an article for the paper on his views on asylum and what he thinks the government should doing about this issue." Ce n'est pas demain la veille qu'on verra des journaux français donner aussi honnêtement un droit de réponse, surtout les journaux les plus à droite.

A suivre : Le coup d'éclat de Stephen King lors de la remise de son prix.

Edit : Hari Kunzru s'explique plus longuement sur la raison de son refus dans le Guardian ; il a de toute évidence refusé la perche du directeur du Mail on Sunday (qu'il traîte lui-même de journal xénophobe), et a préferré s'exprimer dans un journal de gauche. Comme ça, c'est on ne peut plus clair.
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On a le droit de ne pas tout aimer 

En ce qui me concerne, Camus, Giono, Beckett et Hemingway sont capables de me faire fermer leurs livres presque avant même d'avoir atteint le 3ème paragraphe. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer, mais il y a chez eux quelque chose qui ne passe pas et me reste en travers du gosier. La plupart du temps, il est presque impossible de décrire ce qui ne va pas : Camus a des idées formidables, des tentatives de styles plus que louables, mais non, c'est plat, c'est terne, c'est Waterloo avant la bataille -- morne plaine ; Giono écrit magnifiquement, j'en suis jalouse, et pourtant ses textes ressemblent pour moi à des suites de cartes postales mises bout à bout sans liens entre elles ; Beckett a des dialogues faits pour les recueils de citations, parfaits comme des aphorismes d'Oscar Wilde, mais d'en l'ensemble, j'ai juste l'impression qu'il essaie de tordre la queue du chat sans grand résultat ; quant à Hemingway... bon, là je vais être honnête, je ne lui trouve rien, et il m'emmerde profondément.

En général, si on est un peu littéraire, en de telles circonstances, on a honte, on se traîte d'imbécile, on n'ose plus se regarder dans le miroir ("Tu n'aimes pas L'étranger de Camus ? Mais t'es dégénérée du cerveau ! Tout le monde aime ce bouquin !") et on en vient à s'autoflageller à la moindre vision de ces livres maudits. Comment, oui comment peut-on passer à côter de certaines grandes oeuvres de la littérature, ou des arts en général, sans être forcément indignes de ces grandes oeuvres d'art ? Hein ?
D'abord en y répondant à la manière de Pennac dans Comme un roman: "Comment peut-on ne pas aimer Stendhal ? On peut." Tout simplement. (à oui, j'ai oublié de vous mentionner Stendhal... Section Hemingway)
Tout le monde a ses bêtes noires en manière d'art, et c'est on ne peut plus normal. Mêmes les plus grands écrivains ont eu leur propres faiblesses face à de grands classiques.
En fait l'important, en art, n'est pas d'apprécier, mais plutôt d'essayer. Comme le dit 2blowhards, qui l'analyse mieux que moi, "c'est de l'art après tout, pas de la science, ni de l'Histoire, et faire de l'art consiste autant à explorer vos propres réponses qu'explorer celles du monde." L'art n'est pas une science exacte : dans cent ans, la plupart de ce que l'on considère comme génial aura été oublié.
Il pose très bien les 3 règles d'or concernat l'art et la manière de l'appréhender :
1) You don't have to love everything you're told is great,
2) You don't have to claim greatness for everything you love,
3) You don't have to dispute the greatness of the works and artists you dislike.
Explore a lot of great art, give yourself the experience of it, have whatever response you have to it -- and then let it all go. What does it matter, really, whether you agree with the so-called experts? (I can get vexed when I see people try-try-trying, oh so very hard, to "appreciate" a work in exactly the way they've been told to. Why do they strain with such determination to have a particular great experience? Why not have the experience they're having instead, whatever it is?) It matters only that you give the work a try and take note of what the experience was like for you. But don't be such a self-pleasing fool that you avoid what's been deemed to be great. That's crazy too.


Puis comme l'ajoute quelqu'un dans un commentaire :
Don't shut yourself off to the greats. This "It-may-be-great-but-I-don't-like-it" business may seem hip and assertive, even urbanely cynical. But you lose far too much by it.
If you don't like the "greats" today, put them aside and try again later. Sometimes, if you can appreciate great art but can't respond to it, it means you're just not ready for it right now.


Ce qui est souvent vrai. Peut-être que dans dix ou quinze ans, Hemingway deviendra mon auteur favoris (!), parce que l'art n'est pas tellement une question de génie, mais une question de circonstance, et une oeuvre n'est vraiment bonne que parce qu'elle touche le lecteur. Chaque lecture est quelque chose de particulier, de privé et d'unique : la plupart du temps, votre roman préferré ne sera que celui, le seul de votre vie, que vous aurez lu au seul moment parfait pour lui.
Je connais toutes les imperfections des Hauts de Hurlevent, parce que ce livre est ma Bible, que j'ai tout lu sur lui, mais c'est aussi le seul livre que je relis tous les ans en ayant chaque fois l'impression qu'il est nouveau, qu'il est unique, et qu'il n'est que pour moi. J'adore ce livre parce que je l'ai lu à douze ans et demi et que j'ai tout compris : j'ai compris la passion, parce que c'était de mon âge le romantisme noir, j'ai compris Heatcliff, parce qu'il touchait avec sa violence, son ambiguité, sa fragilité, sa face sombre qui restera toujours un mystère, ma corde sensible, et que c'est avec lui que j'ai réalisé que je préferrerai toujours les anti-héros ambigus, mais surtout parce que j'ai compris quel était le vrai sujet du livre, que la plupart des lecteurs ne voient jamais : ce n'est pas la passion, et ce n'est pas la violence, c'est l'enfance. Le livre tout entier est une réflexion sur les dangers du refus de quitter l'enfance. L'ayant lu à l'âge où je devenais adolescente, il n'y avait pas pour moi de meilleur moment pour comprendre ce livre.
J'aurais lu le livre plus tard, je l'aurais peut-être vu comme un histoire un peu manichéenne de passion folle, et peut-être l'aurais-je détesté, peut-être que sa magie m'aurait complètement échappée. Mais ce n'est pas le cas, et je sais que ce livre, quand on le lit correctement, n'est rien de tout ce qu'on lui reproche. Question de circonstances, vraiment.

Je ne désespère pas de trouver les circonstances pour aimer un jour Hemingway. J'attend juste le bon moment.

(Lien vers 2blowhards via Bookslut)
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LE MOT POUR LE DIRE 

Cascatelle. Nom féminin. [de l'italien cascata, cascade) 1- Petite cascade. 2- Nombreuses attaques de paroles.
"Longues cascatelles d'assonances injurieusement bouffonnes..."
Gauthier
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jeudi, novembre 20, 2003

J'ai réussi à supporter Madonna, j'ai ignoré Mylène Farmer, je me contenterai de grincer des dents pour Cindy Crawford,... 

...mais pour Britney Spears, je vais vraiment être obligée de sévir.
Qu'est-ce qu'elles ont toutes ces radasses qui veulent écrirent des livres pour enfants ? Elles ont fait un stage chez le Dalaï-Lama et raté le cours "Sois riche et tais-toi" ? Elles ont vu Dieu ? Pire, elles ont parlé à Dieu ? La dernière qui a fait ça, elle a déclenché une guerre et bouté les anglais hors de France ; elles, elles écrivent des torchons pour gosses et boutent les enfants hors de la littérature. Honnêtement, je suis pas sûre que la Jeanne ait eu une si mauvaise cause en comparaison.

La littérature enfantine, c'est le nouveau jouet à la mode des stars (icelles-ci), des écrivains confirmés qui s'y mettent pour passer le temps et gagner du fric (on a eu l'occasion en France d'avoir droit aux versions de Serge Brussolo, Marie N'Diaye et Isabel Allende) et surtout des éditeurs qui ayant découvert le filon, en usent et en surabusent. Mais à force de publier tout et n'importe quoi, ils ont commencé à publier de la merde : déjà que les enfants, c'est rarement motivés, si en plus on les dégoûte... Comme c'est à la mode la littérature enfantine, on a même droit à la rubrique : Apprenez à vos enfants à aimer lire. Tout un programme.
«On apprend à lire aux enfants comme on apprenait à nager à mon arrière-grand-mère, explique très sérieusement Jean Delas, directeur des éditions de L'Ecole des loisirs. En jupons, sur un tabouret, elle exécutait à la perfection les mouvements de la brasse. Mais, comme à cette époque, les femmes ne se déshabillaient pas en public, elle ne s'est jamais baignée, ni dans une rivière ni dans la mer...» En clair, apprendre à lire et lire, ce n'est pas la même chose.

Au fond la meileure méthode c'est celle de Pennac :
Daniel Pennac, qui fut longtemps professeur de lettres, nous l'avait bien dit: «Le verbe " lire " ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres: le verbe " aimer "... le verbe " rêver "...» Mais l'a-t-on bien entendu? Dans Comme un roman, son limpide et délicieux essai sur la lecture, il défend la lecture-cadeau, la lecture gratuite et sans contrepartie. Comment retourner comme une crêpe un auditoire de lycéens de seconde qui croient ne pas aimer lire? En leur lisant à voix haute (mais oui, comme à des petits) Le parfum de Süskind ou Cent ans de solitude, ou même La princesse de Clèves, œuvre réputée «chiante». «Une seule condition à cette réconciliation avec la lecture: ne rien demander en échange. Absolument rien. N'élever aucun rempart de connaissance préliminaire autour du livre. Ne pas poser la moindre question. Ne pas donner le plus petit devoir. Ne pas ajouter un seul mot à ceux des pages lues. Pas de jugement de valeur, pas d'explication de vocabulaire, pas d'analyse de texte, pas d'indication biographique... S'interdire de "parler autour". Lecture-cadeau. Lire et attendre.» On voit d'ici la tête des parents d'élèves: attendre, c'est bien joli. Mais attendre quoi? Et le programme alors? Attendre que la peur se dissipe, la peur secrète du livre, la peur de ne rien comprendre, la peur de ne pas savoir répondre aux questions, la peur de rater son commentaire. La peur qui ligote et paralyse. Attendre que le plaisir revienne, celui des lectures de la petite enfance, en gardant bien en tête «les droits imprescriptibles du lecteur» édictés par Pennac:
«1) Le droit de ne pas lire.
2) Le droit de sauter des pages.
3) Le droit de ne pas finir un livre.
4) Le droit de relire.
5) Le droit de lire n'importe quoi.
6) Le droit au bovarysme
(maladie textuellement transmissible).
7) Le droit de lire n'importe où.
8) Le droit de grappiller.
9) Le droit de lire à haute voix.
10) Le droit de nous taire.»


Puisqu'on en est sur le sujet de la lecture des enfants, inversons un peu l'équation, l'autre sujet à la mode étant les adultes qui lisent des livres pour enfants (comme moi). Selon certaine grande dame de la littérature anglaise, ces gens-là (en particulier s'ils lisent Harry Potter) ont "une vie imaginative confinée dans les dessins-animés télé et les mondes-miroirs exagérés (exitants, pas menaçants) des soaps-operas, de la télé-réalité et des potins de stars". C'est marrant, moi j'étais capable de regarder Les Chevaliers du Zodiac (j'étais déjà fan de phénix, la vie est un éternel recommencement) et de lire Germinal à la même époque sans que ça me caramélise le cerveau, et je suis toujours capable de passer sans problème de L'ordre du Phénix de J.K Rowling à La vierge dans la jardin d'A.S. Byatt sans en ressentir les effets secondaires débilisants. C'est grave ?
A douze ans je lisais Les Trois Mousquetaires et Germinal l'un et l'autre écrits pour les adultes ; à douze ans j'étais capable de lire un livre qui raconte en long en large et en travers l'aventure de D'Artagnan et de Milady et un autre où un salaud se fait châtrer par une bande de furie (même la version ciné était moins hard). C'est une preuve, s'il en fallait, qu'à douze ans, on n'est ni un crétin, ni un lecteur de merde : alors qu'est-ce qui peut bien faire croire aux snobs que les livres écrits pour les douze ans d'âge sont forcément des livres écrits pour des crétins, avec l'attirail de bétise qui s'en suit ? Franchement, c'est pas comme si les adultes se remettaient à lire Le Club des Cinq part en freestyle!
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Ce matin, la tour Eiffel avait la tête dans la brume 

J'aurais presque pu la trouver jolie pour une fois, et puis, ça tombait bien, j'étais juste à côté, ce matin. Et moi aussi, j'ai la tête sur un petit nuage, maintenant.

Parce que oui ! je l'ai ! Mon stage, je l'ai ! (c'est probable, c'est même certain, la Madame avec qui j'avais rendez-vous ce matin à encore deux trois personnes à voir, mais, d'après ce que j'ai compris, à moins qu'elle tombe sur un forcené du stage qui en fait depuis dix ans, sait tout sur tout et saura se débrouiller sans l'aide de personne -- forcenné du stage si tu existes et que tu me pique ma place, crois-moi je saurais ooù te trouver et crois-moi, tu vivras de sales moments ! --, le stage est à MOI !) Et pour 6 mois, à partir de début janvier vous aurez droit à Grands Reportages en direct de l'intérieur même du milieu très fermé de l'édition. Et ça va saigner (je blague, bien sûr... Rendez-vous compte, j'ai déjà une faiblesse pour ma future patronne : je la trouve sympa. C'est à désespérer de soi-même quand on trouve son patron sympa, non ?).
Pour bien commencer, je vais même vous révèler le nom de mon futur employeur (de la dé-la-tion ! de la dé-la-tion !) : roulement de tambour... Je vais travailler pour Hachette ! Oui, Hachette, le gros machin qui possède la moitié de l'édition française. Je l'avais pas dit que c'était un très très très grosse boîte ? Mais rassurez-vous, je ne vais pas me perdre dans la très grosse boîte, puisque moi je vais travailler dans la très ch'tite boîte à l'intérieur de la très ch'grosse boîte : je me fais comprendre ? C'est d'autant plus petit, que contrairement à ce que laisse croire la liste du personnel (note pour plus tard : toujours se méfier des listes du personnel), il n'y a que quatre personnes qui travaillent vraiment là. Les directeurs de collections, d'après ce que j'ai compris, ça vit dans une autre stratosphère... Posez pas de questions. Et puis cette liste est d'autant plus trompeuse qu'elle ne vous donne pas les noms des stagiaires. Il faut savoir un truc sur le milieu de l'édition en France, c'est que la légende veut que la moitié des employés soient des stagiaires. Sachant qu'en me comptant moi, on sera trois stagiaires... Le compte est presque bon, non ?

Bon, vous voulez quand même que je vous dise un peu de mal d'Hachette ? Qu'à cela ne tienne, j'ai déjà quelques petits griefs à vous servir. Comme par exemple la paranoïa d'Hachette. J'étais pas au courant qu'on les avait menacé de les plastiquer, mais c'est forcément ce qui a dû se passer, parce que moi j'ai eu l'impression de m'être trompé de batiment et d'avoir pénétré le ministère de l'Intérieur qui ait à deux pas. Vous en connaissez beaucoup, vous, des maisons d'édition qui confisquent votre carte d'identité à l'entrée pour toute la durée de votre rendrez-vous ? Avoir un badge visiteur, à la limite, je trouve ça plutôt amusant, ça fait film, mais donner mes papiers d'identité pour l'avoir, je trouve que ça fait beaucoup trop film. De toute évidence, c'est récent, puisqu'une habituée de la maison s'en plaignait dans l'ascensceur. Je ne vois qu'une possibilité : depuis que Lagardère à racheté VUP, tous les petits éditeurs en voie de disparition menacent de venir incendier le bâtiment pour se venger du nouveau monopole de Hachette. Il n'y a pas longtemps ça m'aurait encore fait rire, mais maintenant plus du tout : vous vous rendez compte, bande de terroriste à la petite semaine, que je vais travailler dans ce batiment maintenant ! Alors vous allez arrêter vos conneries, ET TOUT DE SUITE ! Sinon, ça va barder !
Le reste des griefs, c'est juste pour la conne à l'entrée avec son grand sourire qui m'a envoyée dans un bureau qui n'avait rien à voir ma ch'tite boîte, puisque la ch'tite boîte se trouvait dans le bureau à l'autre bout : éh, grognasse, t'es en stage toi aussi ? Tu vois pas que tu déshonnores la profession ! Je suis passée à deux doigts de la crise d'angoisse à cause de toi, mais heureusement que ma (future) patronne est sympa, elle m'a sauvée en venant me chercher dans le couloir... (Remarquez, ça aurait été amusant si j'avais vraiment fait une crise d'angoisse dans le couloir, j'aurais pu faire un concours de qui c'est qui va la plus mal avec la dame qui s'est évanouie. Y s'en passe des choses dans les maisons d'édition, vous imagineriez même pas...)

Voilà. Maintenant, je peux enfin dire au Chevalier Félon, qui s'en fout puisqu'il est en convalescence à Perpète-les-oies -- je m'en fous, je le dirais quand même --, que ma dépression va un tantinet mieux. Ca, croyez-moi, c'est la meilleure nouvelle de la journée.
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People 

Pour continuer sur une vraie petite note potin, je viens également aujourd'hui de devenir un vraie parisienne en subissant mon baptême de star. C'est la même chose que pour les gens qui habitent Los Angeles/Hollywood/Beverly Hills : vous ne devenez un membre très fermé de la petite coterie des vrais parisiens que le jour où vous avez rencontré une star dans la rue. Sans maquillage ni tralala.
A y est, donc. J'ai eu l'immense "honneur" de croiser l'ex-Madame Estelle Halliday. Et... bof ? Ouais bof, parce que Madame Estelle Machin-j'ai-oublié-son-vrai-nom-de-famille-faut-que-je-trouve-une-ancien-Voici-pour-parfaire-ma-culture, qui roule en Mini (parce qu'on peut être riche jusqu'à l'indécence, et rester suffisamment simple pour continuer à rouler en Mini et à porter des baskets -- mais des Cougars, quand même, parce qu'on a une certaine réputation à tenir), avait les traits tirés et des cernes qui lui bouffaient les commissures des lèvres.
Ben alors, qu'est-ce qui reste quand on n'est plus que grande, maigre (très maigre -- tiens maintenant que j'y pense, elle me fait peut-être un petit bout d'anorexie) et blonde ?
Ben y reste qu'au moins, les petites ex-stéphanoises qui vous reconnaissent dans la rue ne vous demandent pas d'autographe en gloussant. C'est toujours ça de gagné, non ?

Et puis, il lui reste toujours ses très belles Cougars.
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Très grosses dépenses 

Ca n'arrive que rarement -- d'ailleurs soyons honnêtes, vu comme la littérature étrangère se vent aux USA, ça n'arrive même jamais --, donc quand les éditeurs américains déboursent des milles et des cents (en l'occurence ici, de 6 chiffres) pour obtenir les droits de livres français, cela vaut la peine que l'on s'y attarde un peu, même si les livres eux-mêmes... euh... pas forcément :
100 000 dollars: c’est la somme déboursée par la maison d’édition Little Brown pour acheter les droits, aux Etats-Unis et en Angleterre, du troisième roman de Gilles Rozier, «Un amour sans résistance» (Denoël). Mais Marek Halter le surclasse largement, avec les 500 000 dollars versés par Crown et Bentham aux Editions Robert Laffont pour le second tome de «Tsippora».
(Via Le Nouvel Observateur)

Si on oubliera aussi vite qu'on l'a mentionné le livre de Marek Halter, on peut s'attarder sur le livre de Rozier, qui, résumé, a pourtant l'air plus casse-gueule : la confession d'un professeur d'allemand sous l'Occupation qui tombe amoureux d'un juif. Du classique, du lourd, très lourd, qui pèse et s'écrase facilement. Sauf que le texte joue plus sur l'écriture et l'ambiguité que sur l'histoire, l'ambiguité du narrateur en particulier :
[Le texte va] raconter une histoire d'amour sans jamais révéler au lecteur si le personnage principal est un homme ou une femme. Le soldat juif est un homme, Herman. En revanche, impossible de définir le sexe du narrateur, de ce «je» aux mille ambiguïtés. Il s'est marié avec Claude [...] Difficile donc d'en savoir plus sur le narrateur en passant par ce personnage tout aussi androgyne. Même dans les scènes d'amour avec Herman, le choix des mots est équivoque : «Nous avons fait l'amour et il est venu en moi. Cet homme rien que pour moi. Il était juste assez brutal pour me dominer, mais attentif à mon désir. Sa manière de me faire l'amour ne laissait aucun doute : il s'était emparé de mon corps en seigneur, avec l'appétit d'un cannibale, aucune parcelle n'était épargnée, mes cuisses, mon pubis, mes tétons. J'étais un être vivant. Enfin.»
Alors ? Ayant mordu à l'hameçon, on se prend au jeu, on cherche la faille, partout, dans chaque détail, sous chaque expression, on attend le participe passé qui trahit. En vain.


N'empêche, 100 000 $ pour ça...
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mercredi, novembre 19, 2003

Googlers, googliennes (et yahooiens aussi) 

Si je savais comment soigner l'acnée à 24 ans, crois-tu sérieusement que j'en aurais encore ?

Que celui qui ait venu chercher une deuxième fois (oui, toi là-bas : je sais que c'était toi la première fois) la rubrique "vol à l'étalage : truc" de ce blog sache qu'elle se trouve ici et ne comporte qu'une seule astuce : garde tes mains dans tes poches !

Quand au lycéen qui cherche un long résumé de L'attrape-coeur, je ne ferai pas ton travail à ta place, parce que si j'ai quitté le lycée, ce n'est pas pour retourner m'y faire flic pour tes beaux yeux. Mais étant de bonne humeur, je vais quand même te donner un conseil : n'oublie pas les canards de l'étang gelé de Central Parc. Si je connais bien les professeurs (je connais bien les professeurs), c'est ça qu'on va te demander. Ou le truc sur La femme du boulanger. Voilà, maintenant, pour comprendre ce que je viens de te dire, tu vas être obligé de lire le livre. C'est terrible.

Enfin, pour Un long dimanche de fiancaille, Audrey Tautou est en long rendez-vous en extérieur : y a-t-il un numéro où elle pourrait vous rappeler ultérieurement ?

Voilà, si je n'ai pas satisfait tout le monde, c'est à désespérer des marques de bonne volonté.
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Je veux tous vous entendre ! 

(Sachant que pour garder fidèles ses donc fidèles lecteurs, il faut régulièrement perfuser son blog d'une petite page d'information personnelle, voici la rubrique que vous attendez tous : "MOI, JE : potins, potins, potins".)

Première info : non, personne ne veut m'adopter, et ça Messieurs, je trouve ça dégueulasse. (Ca, c'était la partie potinX3 : parce qu'on m'a demandé plusieurs fois si, oui, j'avais trouvé l'âme soeur avec cette méthode pour le moins non-conventionnelle : et je confirme pour ceux qui s'en doutaient un peu, ça ne marche pas. Du tout. Et c'est nul.)

Deuxième info : En fait ce post n'existe que pour cette seule info. Mais faut attirer le client par tous les moyens, alors on se prostitue un peu.
Donc, étant à la recherche d'un emploi, d'un stage, d'un n'importe quoi, je déprimais sec pour cause de manque d'intérêt de tout le monde pour ma merveilleuse personne. Comment ça, je n'avais rien à vous apporter ? Mais détrompez-vous, vous êtes passez à côté de la seule et unique Muselivre, et d'autres que vous ont eu les paupières beaucoup moins soudées au titane. Et c'est d'ailleurs là qu'on s'aperçoit qu'internet, quand même c'est vraiment magique. Vraiment.
En début de matinée je consulte les offres de stages de l'ASFORED (Centre de Formation du Syndicat National des Editeurs), j'en trouve entre autres une datée d'une 29 octobre, le poste à pourvoir le 20 novembre au plus tard (mmhh, mais c'est demain ça...) et je me dis, tiens, je vais pas me faire chier à écrire une lettre manuscrite pour un poste que j'aurais même pas, je m'en vais la leur envoyer par e-mail ma lettre, parce qu'à l'arrivée je sais bien elle passera directement à la corbeille sans même être lue (Ah, mazette : mais j'ai sauvé un arbre !). C'est là que, respect, je découvre qu'internet c'est vraiment magique : j'ai envoyé mon mail à 17 h 30, à 17 h 39, on me répondait par e-mail, et à 17 h 45 on me téléphonnait pour me proposer un entretien en vue d'un stage en janvier. (Vous avez le droit d'applaudire : d'ailleurs je veux même vous entendre)
Mieux même : j'avais postulé pour un poste en service cessions des droits étrangers, mais le poste était déjà pris (ben, oui, attendez, il y a que internet qui soit magique...), donc on me propose un stage en service éditorial. Ce que je veux ! Mais c'est quand même magique (je lis vraiment trop Harry Potter : demain on commence le sevrage) !

Bon, tout ça pour dire que je veux votre soutien inconditionnel pour mon rendez-vous de demain. Je veux qu'à 10 heures, GMT + 1, jeudi 20 novembre 2003, l'intégralité de la blogosphère littéraire (et d'ailleurs aussi, je suis pas sectaire) ait une pensée émue pour moi. Je veux vous entendre me crier votre soutien, et tiens, un petit mot aussi dans les commentaires, ça me ferait 'achement plaisir...

(Pour garder toutes les chances de mon côté, je garderais momentanément par-devers moi le nom de cette très très très --si si j'insiste -- grosse maison d'édition, même si finalment il y a peu de risques que je sois découverte, puisqu'après mûre réflexion et un petit mail d'un admirateur qui me conseille de blogguer au boulot -- nan, ça c'est pas bien, je le ferai jamais ;-) -- je n'ai pas fait mention de ce blog. Parce que je me réserve le droit de pourvoir faire tous les futurs comentaires que je veux sur la très très très grosse maison d'édition : on se refait pas, même dans l'euphorie.)
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Prem's ! 

Une petite biographie vient de sortir qui retrace la vie et la carrière de la toute première femme a avoir vécu de sa plume en France : c'était au 14ème siècle, c'était, comme souvent pour les femmes écrivains, pour gagner sa vie (puisqu'aucun autre métier ne leur était accessible), c'était un écrivain complet qui publiait aussi bien de la poésie que de la philosophie et c'était Christine de Pizan. Restée trop inconnue, même pour ceux qui ont eu la curiosité de chercher le petit poême de son cru dissimulé dans leur livre de français de collège, elle mérite largement qu'on la réhabilite :

Christine de Pizan, d'Evelyne Morin-Rotureau
Peu présentes dans les manuels scolaires, les femmes pourtant se sont élevées contre la soumission. Et si chaque époque a ses héroïnes, il est louable de rendre hommage à Christine de Pizan (1364-1431), la seule et première écrivaine de son époque à avoir vécu de sa plume. Assidue à la cour de Charles V, mariée par intérêt à 14 ans, veuve à 26 ans (Etienne, son mari, fut foudroyé par la peste noire), elle se voit à la tête de trois enfants, de sa mère, de ses deux frères et d'une nièce orpheline. Pauvre et méprisée, elle se lance alors dans l'écriture et publie quinze livres et un recueil de poésie. Puis un livre de Jean de Meung amorce un virage dont la décision lui vaudra consécration. Révoltée par la misogynie de l'auteur, elle sera la première à oeuvrer dans une lutte effrénée pour la cause des femmes avant de se lancer dans une grande campagne pour la paix. Un livre fort, nourri de références historiques et qui trouve les réponses aux questions d'aujourd'hui.
Ed. PEMF -collections "Histoires d'elles"- (60 pages, 8,50 euros).


(Via YahooNews Culture)
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LE MOT POUR LE DIRE 

Lantiponner. Verbe. [de lent, croisé avec lanterner] 1- Tenir des discours frivoles, inutiles et importuns. 2- Atermoyer, s'attarder à bavarder.
Lantiponnage. Nom masculin. Action de lantiponner.
"Hé, tétigué ! ne lantiponnez pas davantage et confessez à la Franquette que vous êtes médecin"
Molière
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La parole est au traducteur 

Des auteurs qui laissent leurs traducteurs s'exprimer c'est bien, mais quand le traducteur français n'est autre que Claro, c'est un plaisir en anglais sur le site de William Gaddis, auteur le plus récemment traduit par Master C. avec Agonie d'Agape :
And then it was time to find the music, now that I had all the lyrics . . . It took time, and I had to rant and rave like Flaubert in his "gueuloir" or to whisper and stammer like some Beckettian character. I read my translation aloud many, many times, until I was satisfied (?). Usually, when you work on the final draft, you look for some fluidity. Here, the fluidity lies beyond/behind a stammering — the sentences are cropped as soon as they rise, thoughts are trampled, there is hesitancy [impedance?]. So it’s very important not to erase this well-balanced disorder. To keep the paper roll going "with the holes in it running over the tracker bar."

Contrairement Mason & Dixon, pour lequel Claro (ainsi que Matthieussent avec qui il traduisait le livre) a pu demander des précisions à Pynchon -- cas unique ! --, Gaddis étant décédé, il a dû se débrouiller seul pour retrouver l'origine de toutes les citations qui parsèment le livre, se heurtant parfois à la difficulté de devoir retrouver des citations originales en français ou de se débrouiller avec des traductions existantes défaillantes :
Sometimes, it was not easy: for instance with Flaubert — I couldn't translate Flaubert into French! Fortunately, his letters do exist online . . . I wonder what Gaddis would have thought of this kind of research . . . Then, of course, there is Bernhard, whose name never appears, but whose prose is quoted several times. I re-read especially Concrete and The Loser. A very moving experience, since Gaddis discovered in Thomas Bernhard a very close doppelganger.
The kind of problem one encounters with quotations: if it seems ludicrous to translate Flaubert from English to French, it is a little different if the text is translated from another language. For example: the French translation of Bernhard we have, though very good, diverges slightly from the English translation. That’s what I altered, slightly, too, the French translation, because it needed to be as close as the English one. I did the same with the excerpt from A Confederacy of Dunces, because I found the French translation too far from the original. But in all these cases, I tend to keep to the existing French translation, because it has became, rightly or not, the canon and the reader has to recognize the Bernhard he’s accustomed to reading, with just the right amendments.



Egalement disponibles, les passionnants propos du traducteur allemand de Gaddis :
The process of translating has two parts, the analysis of the English original and the creation of the German version. But there is a small, inconspicuous move between analysis and creation, which for me has become the touchstone for any translation. I call it "digitalisation." There is always the problem of the English sentence getting in the way, interfering with the wish to produce a German version ready for the printer. So I have to delete any memory of the English phrase, I have to create an abstract of the phrase, which should take into account all aspects concerning form and content without taking over the specifically English form and rhythm or the feeling of the whole. In the process of digitalising a sentence in this way I turn it into a non-sentence, into pure information. What is important is the following: there is no metamorphosis without destruction. Digitalisation is the translator's declaration of independence and the toughest part of the job.

(Petit post pour fêter la venue de Claro lui-même, himself et en personne sur mon blog : Claro qui me sert de traducteur personnel... Ah, le bonheur....)
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mardi, novembre 18, 2003

Debout, assis, couché, épuisé, ragaillardi, apeuré, serein... 

Aller avec confiance vers l’énergie que procure l’ailleurs et travailler. Écrire! Écrire! Écrire! À la plume, au stylo, au crayon, à l’ordinateur, le matin, le soir, sans cesse, ne faire que ça, debout, assis, couché, épuisé, ragaillardi, apeuré, serein, en musique ou en silence, mais ÉCRIRE !
Yves Rosset

Trouvé chez La Grande Rousse
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Question ? 

Si vous postulez pour un stage pour un emploi dans une maison d'édition, faut-il mentionner dans votre CV que vous maintenez un blog littéraire (icelui), pour faire une impression du feu de Dieu (genre : ouaich, je suis le plus important -- bien insister sur le narcissisme bloguien naturel -- blog littéraire français, et je suis connue de New York à Los Angeles, et franchement, ça devrais vous montrer à quel point je suis passionnée) ou faut-il éviter de faire allusion à ce forum de récriminations contre l'état actuel de l'édition française au cas où, si vous parvenez néanmoins à trouver miraculeusement un stage, vous avez envie de vous défouler sur vos futurs collègues ou sur votre future boîte ?
Ou, troisième solution malheureusement la plus probable : va-t-il falloir que j'apprenne enfin à fermer ma grande gueule ?

Réponses souhaitées (je blague pas, j'aimerais des avis sur la question, parce que ça me taraude, et c'est urgent).
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Votre interface est-elle multilingue ? 

Découvrez-le avec Harry Potter : 50 titres des 60 traductions existantes du 1er tome. Tout le mérite en revient à Lifechange...Delayed, qui, comme moi, n'a sans doute rien d'autre à faire de sa vie.

Harry Potter en die Towenaar se Steen (Afrikaans)
Harry Potter dhe guri filozofal (Albanian)
Harry Potter dan Batu Bertuah (Basha Indonesia)
Harry Potter eta sorgin-harria (Basque)
Хари Потър и философският камък (Bulgarian)
Harry Potter i la pedra filosofal (Catalan)
哈利 波特与魔法石 (Chinese Simplified)
哈利波特─神秘的魔法石 (Chinese Traditional)
Harry Potter i kamen mudraca (Croat)
Harry Potter a Kamen Mudrců (Czech)
Harry Potter og De Vises Sten (Danish)
Harry Potter en de Steen der Wijzen (Dutch)
Harry Potter and the Philosopher’s Stone (UK English)
Harry Potter and the Sorcerer’s Stone (US English)
Harry Potter ja tarkade kivi (Estonian)
Harry Potter og vitramannasteinurin (Faroese)
هری پاتر-سنگ جادو (Farsi)
Harry Potter ja viisasten kivi (Finnish)
Harry Potter à l’école des sorciers (French)
Harry Potter e a pedra filosofal (Galego)
ჰარი პოტერი და ფილოსოფიური ქვა (Georgian)
Harry Potter und der Stein der Weisen (German)
Ο Χάρι Πότερ και η Φιλοσοφική Λίθος (Greek (Modern))
הארי פוטר ואבן החכמים (Hebrew)
Harry Potter és a bölcsek köve (Hungarian)
Harry Potter og viskusteinninn (Icelandic)
Harry Potter e la pietra filosofale (Italian)
ハリー・ポッターと賢者の石 (Japanese)
해리포터 씨네북 꼬마마법사 해리포터 (Korean)
Harrius Potter et Philosophi Lapis (Latin)
Harijs Poters un filozofu akmens (Latvian)
Haris Poteris ir Išminties akmuo (Lithuanian)
Harry Potter og De vises stein (Norwegian)
Harry Potter un de Wunnersteen (Plattdeutsch)
Harry Potter i kamień filozoficzny (Polish)
Harry Potter e a Pedra Filosofal (Portuguese)
Harry Potter şi piatra filozofală (Romanian)
Гарри Поттер и философский камень (Russian)
Harry Potter agus Clach an Fheallsanaich (Scots Gaelic)
Hari Poter i kamen mudrosti (Serbian (Latin))
Хари Потер и камен мудрости (Serbian (Cyrillic))
Harry Potter a kameň mudrcov (Slovak)
Harry Potter Kamen modrosti (Slovene)
Harry Potter y la piedra filosofal (Spanish)
Harry Potter och De Vises Sten (Swedish)
แฮร์รี่ พอตเตอร์ กับศิลาอาถรรพ์ (Thai)
Harry Potter ve Felsefe Taşı (Turkish)
Гаррі Поттер та філософський камінь (Ukrainian)
Harry Potter và Hòn đá phù thủy (Vietnamese)
Harri Potter a Maen yr Athronydd (Welsh)
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Histoire contemporaine 

Catalogue Ikéa 2003 de Anonyme
LA VIE MODERNE AU DÉBUT DU XXI° SIÈCLE
Le dimanche 15 juin 2003 par doud
Une approche originale pour l'étude des habitants du XXI siècle, faite exclusivement à travers l'analyse de leur mobilier. On pourra y retrouver les descriptions précises de tous leurs lieux de vie dans un mélange de couleurs tonitruant, sur un style mi-naturaliste, mi-pop-art - une énumération exhaustive qui n'hésite pas à recourir à la répétition pour mettre en valeur les moindres différences.
On pourra néanmoins reprocher à ce récit la pauvreté poétique du sous-texte, l'auteur ayant peut-être trop joué sur la symbolique au détriment de l'interprétation. Une œuvre qui aura donc peut-être du mal à séduire les non-initiés à cette civilisation particulière.


Comment ça j'ai pété un cable ? Nan, j'ai pas pété un cable, c'est lui !
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LE MOT POUR LE DIRE 

Vertigo. Nom masculin. [du latin vertigo, vertige, tournoiement] Caprice, fantaisie.
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PARCE QUE LIE-DE-VIN C'EST BIEN !
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Peau d'gland ! 

So now I am “the.” I am a definite article, derived from Old English. I may be small and simple, but you need me. You use me all the time. I give you power, and you give me power. I have become a word.

J'en avais déjà parlé il y a quelque temps, mais ce projet (intitulé Skin, pourquoi se fatiguer, hein?) d'un auteur américain, qui veut écrire une histoire dont chaque mot sera tatoué sur la peau d'une personne différente, ne cesse de m'étonner et plus encore les gens qui veulent y participer : comme l'exemple ci-dessus qui semble parfaitement se satisfaire d'être un article (photos à l'appui) ou celui de Mike Atherton, beaucoup plus chanceux, qui a lui reçu le mot "bruises", bleus (avec photo aussi, à la date du 4 Novembre). Moi, l'idée de devenir un mot immortel de littérature mortelle, ça ne me brancherait pas trop, surtout que, comme d'autres, "I don't want to have to get the word PENIS tattooed on my body..." (Non, en fait, pas d'inquiétudes à avoir, l'auteur, qui dans son seul recueil de nouvelles publié utilisait des mots comme "masturber" et "godmichet", a promis que pour Skin, elle utiliserait des mots plus... propres ? On est rassuré, maintenant)

En tout cas l'expérience continue à faire parler d'elle :
Volunteers are pouring in from all over the world - bookshop assistants from London, mothers and daughters from Nebraska, artists from Brazil, a man in Bangkok. There will be ifs, buts, ands and other words inscribed on heads, arms, legs and backs from Birmingham, England to Birmingham, Alabama.

Et il manque encore plus mille "mots" (plus des humains, des mots) pour finir la nouvelle. Damned ! Une oeuvre inachevée ? Mais ce serait le comble du hype, ça...

PS : oui, oui, vous avez bien reconnu dans mon titre un citation de ce grandiose film qu'était Nhighnander -- c'était d'ailleurs la seule chose qu'il fallait en retenir.
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IIMPACDLA : vous n'avez pas vraiment besoin que j'explicite, n'est-ce pas ? 

Le International IMPAC Dublin Literary Award (IIMPACDLA, donc, selon The Complete Review) est à ma connaissance, avec le Nobel (mais qui récompense un auteur pour son oeuvre, et non uniquement un roman), le seul prix littéraire international important. Les livres sont sélectionnés par des bibliothèques du monde entier et un jury lui aussi international (Josyane Savigneau, la directrice du Monde des Livres, a par exemple participé à l'édition 2001 du prix) et tournant chaque année. La seule condition du prix est que le livre ait été traduit en anglais, ce qui peut poser les problèmes qu'on verra.

La première sélection du prix comporte 125 livres, dont 35 sont des traductions depuis 16 langues étrangères, sélectionnés par 162 bibliothèques de 125 villes de 45 pays (j'aime les chiffres) ! Parmi tous ces livres, le jury n'aura que jusqu'à Mars 2004 (je vous entend déjà dire pff! ils prennent vraiment leur temps : essayez donc de lire 125 livres jusqu'à Mars, on verra si vous faîtes autant les malins après) pour en sélectionner 6 à 8. Le prix, lui, sera remis en Mai ou en Juin.
Dans cette sélection, on trouvent des ouvrages de langues malheureusement assez rarement traduites en anglais, et c'est bon de le souligner : persan (Terre et cendres de Atiq Rahimi, auteur afghan), hébreu (Mari et femme de Zeruya Shalev), slovène (Guarding Hanna de Miha Mazzini et Con Brio de Brina Svit, qui écrit maintenant en français), polonais (Dieu, le temps, les hommes et les anges de Olga Tokarczuk), chinois (Le livre d'un homme seul de Gao Xingjian) ou encore serbe (The Library de Zoran Zivkovic).
Pour le chauvinisme, 6 livres français sont en compétition et, heu..., pour la majorité d'entre eux on s'en serait passé : 99 F de Beigbeder (franchement ! mais vous voulez vraiment me faire du mal !), Les bonnes intentions d'Agnès Desarthe, Le périple de Baldassare d'Amin Maalouf, Une désolation de Yasmina Réza, Plateforme de Houellebecq et Cette aveuglante abscence de lumière de Tahar Ben Jelloun.
Sinon, il ya les livres qui ne feront pas long feu (Nicci French, par exemple...) et les stars : Umberto Ecco avec Baudolino, Jeffrey Eugenides avec Middlessex -- les deux à avoir été nominés les plus souvent par les bibliothèques --, Rohinton Mistry avec Family Matters, Donna Tartt avec Le Petit Copain, A.S. Byatt avec La Femme qui siffle, John Updike avec Seek my Face, Coetzee avec Scènes de la vie d'un jeune garçon, etc. Il ne faudrait pas croire, cependant, que ce sont ces all-anglo-saxon-stars qui ont le plus de chance de l'emporter : sur les huit années d'existence du prix, il a été remis quatre fois à des livres en langue étrangère, deux des plus récents étant Les particules élémentaires de Houellebecq et Mon nom est Rouge de Pamuk.

Le principal problème du prix sont les dates de publication des livres : outre qu'il faut attendre qu'ils aient fait le tour des bibliothèques, ce qui fait que même les livres en anglais datent pratiquement tous de 2002 (pour un prix sensé être remis en 2004), il faut également attendre qu'ils aient été traduit en anglais, ce qui donnent des livres datant parfois de Matusalème et plus que passés de mode. Pour les exemples que je connais, il y a Plateforme de Houellebecq qui date de 2001, 99 F de Beigbeder (effet de mode essouflé qui fait ses dernière armes en Croatie où il a été sélectionné), Le périple de Baldassare d'Amin Maalouf et Une désolation de Yasmina Réza qui datent tous les trois de 2000, et surtout Déluge de Karen Duve traduit en 2001 en français, en 2002 en anglais, mais datant de 1999 pour l'édition allemande originale !
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LE MOT POUR LE DIRE : couleur 

C'est une catégorie spéciale du "mot pour le dire", parce que je suis fan (mais FAN, vraiment, au bord de la syncope !) des mots relatifs aux couleurs : donc celui-là n'est que le premier d'une série.

Céladon. Nom masculin. [de Céladon, personnnage de L'Astrée, d'un tendresse fade. Son costume était aussi, paraît-il, de cette couleur] Vert clair tirant sur la couleur du saule ou de la feuille de pêcher.

Pour les amateurs, un vrai dictionnaire des couleurs, nominatif (avec exemple indicatif de la couleur elle-même) chromatique, et même un dictionnaire imaginaire...
(Mes définitions de couleur, cependant n'en viennent pas)
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Championne de the world 

Le web est une vaste communauté d'(a)mateurs de misères personnelles et de blog-realité : pour avoir lancer mon cri de blog (copyright Félon) et demandé un homme, j'ai presque triplé mon chiffre d'affaire. 95 curieux sont venus mater. Z'avez pas honte ?
Moi, je m'en fiche, j'ai réussi mon coup : maintenant je l'ai mon public national ;-) Ce qui faut pas faire dans la blogosphère pour se faire remarquer...
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lundi, novembre 17, 2003

"Elle pourrait être le premier auteur billionnaire de l'Histoire." 

1/24 personne lisant ses livres dans le monde entier ? Ouais : billionnaire, facilement... Et sans transpirer.
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Roger Martin Du Gard anime Saint-Etienne (Y'en a besoin) 

La Comédie de Saint-Etienne, le seul lieu de "ce riant chef-lieu de la Loire" (selon Muriel Robin, qui a bien connu, elle aussi...), est donc le seul lieu où sortir à Saint-Etienne : ça tombe bien, l'un des deux directeurs (ne rigolez pas, c'est déjà bien asez dramatique comme ça un bon théâtre qui se retrouve déchiré entre deux types qui vont forcément finir par se foutrent sur la gueule, loi de Murphy oblige : salaud, ce Murphy, quand même) met en scène une pièce peu connue de Roger Martin Du Gard, oui, celui des Thibaud, mais pas les Thib-TV, hein, faut pas charrier, et puis d'ailleurs la pièce n'a rien à voir avec les Thibaud :

La Gonfle (1924), farce paysanne féroce [...] écrite en pleine naissance des fascismes. [...] Louis Jouvet, effrayé par la longueur relative de la pièce, avait refusé d'y jouer. [...] Les héros de la Gonfle ne sont-ils pas des " bouseux " ? Ils ont des bottes crottées et parlent un patois d'invention, au demeurant infiniment savoureux. [...] Il faut donc saluer à distance la probité intellectuelle de celui qui porta au plus haut cette langue imaginaire, mélange de divers parlers régionaux à peine extraits de la gangue latine médiévale. On dit qu'il l'écrivit en la hurlant dans sa campagne, comme Flaubert dans son gueuloir avec Madame Bovary.
C'était un pessimiste qui ne pouvait pourtant se défaire de cette terrifiante idée de l'espoir. La pièce en livre un bout sur ces noirceurs d'âmes. Elle exalte la méchanceté et la brutalité sexuelle, la vie réduite et réaliste au cour de la campagne française, d'une vieille (la Bique) hydropique, gonflée, qui menace de " passer " en laissant sa fortune, sans préciser quel en sera l'héritier. C'est sans compter avec la ruse de son neveu vétérinaire (Gustave) et de son domestique et amant, par ailleurs sacristain (Andoche) qui louchent sur le magot. Ils n'iront pas de main morte pour dégonfler la vieille, usant d'une pompe à bestiau, dans un vacarme de tous les diables. Les humeurs corporelles se lisent à plein sur leurs mains qui trempent dans le bourbier organique de la Bique. L'eau de la fontaine jaillira plus d'une fois pour qu'ils puissent décrotter leurs paluches. Il est aussi question d'une sexualité coupable qui voit le jour sous l'apparence de la Nioule, créature muette, dont le ventre à elle aussi s'arrondit, mais cela n'a rien à voir avec l'hydropisie, ce, au grand dam du neveu et du valet de ferme qui ont usé et abusé de la jeune femme. Pour se sortir de ce mauvais pas, ils ourdiront à quatre mains un piège.
Roger Martin du Gard exalte la terre par le patois. Sa langue s'inspire de celle de Rabelais.


La Gonfle, pièce de Roger Martin du Gard, mise en scène par Jean-Claude Bérutti. Théâtre Jean-Dasté, Comédie de Saint-Étienne, 7, avenue Émile-Loubet, 42000 Saint-Étienne. Réservation et renseignements : 04 77 25 14 14.
Prochaines représentations : les 18 et 20 novembre à 19 h 30 ; le 22 novembre à 20 h 30. Matinées scolaires 17 novembre à 14 heures ; le 19 novembre à 10 heures et le 21 novembre à 14 heures.
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